dimanche 1 mars 2020

Frédéric Chopin, c'est votre anniversaire

Au café de mon quartier, j’annonce à la barista que c’est aujourd'hui l’anniversaire de naissance de Chopin. Né le 1er mars 1810, à Zelazowa Wola, près de Varsovie, de père français et de mère polonaise, Chopin a vécu une enfance heureuse, opportune au développement de son génie. La légende dit que bébé, couché près du piano, il écoutait pendant des heures sa mère jouer.Daguerréotype de Chopin (1846) Ému, extatique au moindre son, la musique était déjà pour lui une chose naturelle. En 1827, sa soeur Emilia fut emportée par la tuberculose. Ce premier drame dans la vie du jeune Chopin teintera toute sa vie et son oeuvre.   
 
Chopin a appris seul le piano. Vers l’âge de 7 ou 8 ans, il reçoit des leçons particulières de Zwyny, un violoniste et ami de la famille. Celui-ci lui apprend à déchiffrer et à écrire la musique; il lui eût été difficile de lui enseigner le piano, il n’en jouait pas; et puis le jeune Frédéric jouait déjà avec un naturel époustouflant. Son instinct sûr, sa musicalité féconde, son rapport intime avec l'instrument confirmaient une fusion miraculeuse avec l'instrument à clavier.
 
On connait l’histoire de son exil à Paris, où il est mort le 17 octobre 1849, entouré de ses amis. On connait également son amitié avec Franz Liszt (1811-1886). Cette amitié dissimulait, malgré ses bons augures, une étrange rivalité. Liszt est le dédicataire du premier cahier des Études, celles de l’opus 10, publié en 1823, lequel place Chopin parmi les « dieux » du piano. En effet, ces Études (et plus tard le cahier des Douze Études opus 25, publiées en 1837) représentent ni plus ni moins le Cantique des Cantiques de l'art pianistique; le Clavier bien tempéré de Bach étant « l’Ancien Testament », et les 32 Sonates pour piano de Beethoven le « Nouveau Testament ». À la réception du cahier des Études, Liszt, honoré, s'enfermait quelques semaines, déchiffrant, mémorisant le cahier en entier. Les interprétant devant un Chopin médusé, celui-ci mentionna : « Je voudrais lui voler sa manière de rendre mes propres Études. » Bien qu'il admirait le pianiste, Chopin n’admirait pas particulièrement Liszt le compositeur. Dieu soit loué du miracle voulant que ces deux immenses créateurs se soient côtoyés.
 
Liszt, après avoir écouté la célèbre Étude en mi majeur, communément appelée Tristesse, déclara : « J’aurais donné quatre ans de ma vie pour composer cette étude. »
 
Je l’ai peut-être partagé dans les pages de mon ancien blogue, le premier disque de ma vie (à 7 ans, peut-être 8) est un disque de Chopin : The World of Chopin (London). Jusqu’à mes 15 ans, j’ai imploré Dieu que Chopin me visite en rêve. Je voulais le voir et l’entendre jouer, saisir sa manière de toucher le piano. Je voulais connaître son « son ». Mon souhait s’est exaucé… À 35 ans, j’ai rêvé que Chopin était présent à une fête avec quelques amis. J’ai consigné dans mon journal les détails de ce rêve, je me souviens encore du visage doux et pâle de Chopin, son sourire franc, presque voilé, sa position assise à la transversale sur le divan. Sa présence était calme et silencieuse, presque trop respectueuse dans cet  environnement bruyant et alcoolisé. Les jambes légèrement gonflées (l’un des signes de la tuberculose à l'état avancé), son regard irradiait clarté et confiance, tandis que sa voix charmait par sa douceur. En tous lieux il se montrait leste, affirmatif mais jamais imposant, trahissant par là une rigueur d'esprit doublée d’une distinction rare. Ce rêve est l’un des plus beaux moments de ma vie. Quelques années plus tard, il revenait, toujours en rêve, assis au piano, où il interprétait un Trio de Mendelssohn avec Schumann et le compositeur. J'ai annoté ce rêve dans ses moindres détails, je les retrouverai dans mes cahiers et les retranscrirai ici bientôt. 
 
Au plus profond de son âme, Chopin était davantage chanteur que pianiste. 
  
Chopin a sauvé mon enfance. Il m'a convaincu de ses mains que la musique est un cadeau, qu’elle aide à mieux souffrir,  qu’avec elle on est bien seul. Chopin m’a rendu un peu plus femme, et c’est très bien comme ça.
 

3 commentaires:

claude a dit...

Bonjour Claudio, j'adore moi aussi Chopin, en ce moment j'écoute en boucle les nocturnes par Maria Joao Pirès. j'aime beaucoup son interprétation. Depuis que je l'ai découvert, j'avais environ 13 ans, il m'a suivi, et plus je vieillie plus sa musique devient mienne.
Merci pour ce beau billet, à bientôt, Claude

Claudio Pinto a dit...

Merci Claude de ton commentaire. Tout grande interprète de Mozart (comme Pirès) devrait bien jouer Chopin. Sur son lit de mort, Chopin demanda à ses amis que l'on joue Mozart.

DUŠKA ALŽBĚTA a dit...
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