vendredi 24 janvier 2020

Alberto Manguel et son Chez Borges


On sait que Borges était aveugle. Comme Bach, Haendel, Monet, Lennie Tristano et tant d'autres. Souffrant de cécité dès la trentaine, il perdait complètement la vue vers la mi-cinquantaine (il est mort en 1986, à 86 ans).  On sait aussi que plusieurs personnes lui ont fait la lecture (dont Alberto Manguel), à son appartement de Buenos Aires qu’il partageait avec sa mère. Du bref récit-essai Chez Borges, le lecteur en tirera des considérations amusantes et essentielles sur l’art borgesien : sa fascination pour le miroir, le labyrinthe, sa timidité dont la revanche fut, la maturité acquise, une aisance superbe en entrevue et lors des nombreuses conférences qu’il donna dans le monde. 
Que vous soyez un lecteur lent ou rapide (ou mi-lent, mi-rapide comme moi), Chez Borges se lit en une heure ou moins. Néanmoins, il suivra le lecteur après l’avoir refermé par son illustration nette et clairsemée de la vie d’un homme dont l'existence, sans être publique a fortiori, irradiait le monde comme le contre-jour, moins au service des livres que de l’imagination, des gens que des rencontres, des mots que du rêve. Entre deux airs de milongas, Manguel note : « Son univers était entièrement verbal; musique, couleurs et formes n’y entraient guère. » 

J’ai lu Fictions il y a plusieurs années. Aujourd’hui me prend l’envie de le relire, deux fois plutôt qu’une : en français d'abord, puis en espagnol, dans mon édition en grand format coincée dans ma bibliothèque entre Cervantes, Bolaño et Isabel Allende.
Plus que tout, j’aime Borges parce qu’il est libre. Bon, assez dit, je m’en vais me coucher, mais pas avant d’avoir partagé une dernière perle : « Je ne prenais pas de notes parce que, ces soirs-là, je me sentais trop comblé. »

1 commentaire:

DUŠKA ALŽBĚTA a dit...
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