samedi 16 janvier 2016

Prophétique David Bowie




Encore affecté par la nouvelle de son décès. Et me traverse le doux regret de ne m'être pas intéressé plus tôt à sa musique. En revanche, je sens qu'elle restera, là, en offrande pour rattraper le temps. 

La mort de David Bowie m'amène à voir d'un autre oeil ce que c'est que le génie. Comme pour le père qui, mort, devient plus présent que lorsqu'il  était vivant (dixit Freud), le génie commande son influence la plus probante après la mort de l'artiste. Ce qui me rappelle le récit de ces deux créateurs  : Schubert et Bizet. Mort à 31 ans, Schubert, qui vécut toute sa vie dans l'ombre de Beethoven, composa une oeuvre abondante (plus de mille compositions) qui, de son vivant, n'était connue que d'une poignée d'amateurs et d'amis. Il attendra 1827, l'année de la mort de Beethoven, pour achever sa Neuvième Symphonie ainsi que d'autres immenses chefs-d'oeuvres. L'année suivante, en 1828, Schubert mourait. Les deux, Beethoven et Schubert, sont enterrés l'un à côté de l'autre. Quant à Georges Bizet, il ne fut consacré qu'au lendemain de sa mort, à 36 ans. Celle-ci fut probablement accélérée, voire provoquée par les critiques dévastatrices de son opéra Carmen. À ses obsèques, on organisa une représentation de dernière minute, où acteurs et chanteurs, fort éprouvés, livraient une performance dont l'émotion était presque insoutenable. Quelques jours plus tard, la presse saluait le génie de Bizet, mort probablement de n'avoir pas été compris. 

D'ici les prochaines décennies se définira la véritable ascendance artistique et intellectuelle de David Bowie. Pour l'heure, l'entrevue que je partage ici — captée en 1999 — recèle chez le musicien des facultés prothétiques exceptionnelles. Il nous confirme d'autre part que l'intelligence, la vraie, est une chose sexy.

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