vendredi 6 novembre 2015

Car and Driver

Au risque que ce billet n'intéresse que quelques-uns, j'aimerais annoncer que je viens de recevoir mon premier numéro du magazine automobile Car and Driver.  

À 18 ans, quelques semaines avant de passer mon permis de conduire, je faisais mes premiers pas dans le monde de l'automobile. Mon premier ouvrage lu sur le sujet, L'Almanach de l'Auto 1988, malgré des pages remplies d'informations  utiles, me laissait sur ma faim : photos noir et blanc fades,  style d'écriture discutable, comparaisons automobiles boiteuses. Un matin, au travail, mon supérieur à mon boulot, lui-même grand amateur d'automobile, me parlait de Car and Driver. C'était en 1989, je ne lisais pas très bien l'anglais et mon patron, prénommé Michel — le seul patron que j'aie réellement admiré dans ma vie — me partageait si bien ses impressions du magazine que j'achetais le soir même mon premier exemplaire dans une tabagie de Laval. Dès que j'ouvris les premières pages, j'eus un   (bon) choc. Quelle était la cause de mon admiration pour le magazine? Des photos splendides, une écriture précise, parfois irrévérencieuse, des analyses poussées à la limite et sans concessions, en plus je ne sentais aucun parti pris notable envers un constructeur ou une marque en particulier (ce qui n'était pas le cas de tous les magazines). Sans oublier sa manière d'honorer la pureté et la sportivité de l'automobile, comme un hommage aux pionniers et aux artisans motoristes. Au fil des mois, simultanément j'améliorais mon anglais et approfondissais ma connaissance de l'automobile.  


Jusqu'à l'âge de 35 ans, j'ai lu religieusement tous les mois Car and Driver, après quoi je me suis tourné vers des lectures plus « sérieuses »; la littérature. Par sa profondeur et par son style, le magazine a également à mon amour de l'art et de la beauté. Très souvent, j'y trouvais des allusions à la littérature et à la musique; dans un essai routier de la BMW 325i 1991, on lisait : This engine sings like Mozart. En écrivant ceci, je réalise que ma dévotion pour le génial magazine n'a pas seulement gonflé mon amour de l'automobile, mais aussi de la vie.


En vingt ans, j'ai manqué peut-être deux ou trois numéros. Je ne m'y suis jamais abonné, préférant l'achat en kiosque — un kiosque différent à chaque mois, comme une façon de ritualiser mes achats, et aussi un prétexte à quelque roadtrip. D'autre part, mon manque de stabilité (lire : déménagements fréquents) me forçait à ne pas m'abonner au magazine. De grâce, le mois dernier, mon déménagement dans mon nouvel appartement m'a convaincu de m'abonner. Cela cristalliserait-il une forme d'engagement? 

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