mercredi 5 février 2020

Louis-Luc Beaudoin dans La Semaine

Après une vingtaine d’années à oeuvrer dans l’univers des jeux de lettres, le verbicruciste Louis-Luc Beaudoin fait désormais partie des « vedettes » du magazine La Semaine. En effet, le magazine lui consacrait  deux pages récemment. Bien qu’il ait répondu aux questions pertinentes du magazine, Louis-Luc Beaudoin a accepté de nous parler plus en profondeur de son travail et de sa passion des mots. 

PMN — Quel a été le déclencheur de ta passion des mots? 

Magazine La Semaine, édition du 23 janvier 2020
















J’ai toujours été fasciné par les mots. Enfant, les livres m’enchantaient au-delà de la compréhension que j’en faisais. À l’adolescence, comme tout le monde, j'ai lu des bandes dessinées, Tintin, Astérix, Lucky Luke et plusieurs autres. Peu avant d’atteindre la majorité, je suis tombé sur un petit livre d’un écrivain allemand : Demian, Hermann Hesse. Ce roman d’apprentissage m’a beaucoup touché, si bien que je le relis régulièrement. Cependant, le vrai coup de foudre pour les mots et la littérature remonte à mes années passées au Conservatoire Lassalle. Madame Ginette Courchesne, professeure de français, a bien du mérite en ce qu'elle m’a fait découvrir des écrivains de renom : Hubert Aquin, Gilbert La Rocque, Réjean Ducharme, Émile Nelligan et Gabrielle Roy. Je me souviens qu'elle avait parfois les yeux pleins de larmes quand elle parlait de l’auteur du Vaisseau d’or.

PMN — Quels sont les sujets ou thèmes que tu préfères aborder pour la conception des grilles de mots croisés? 

LLB — Je n’ai aucune préférence de sujet ou de thème. Je ne fais aucune discrimination (sourire).

PMN — On apprend, dans les pages de La Semaine, que tu as fait des études littéraires à l’UQÀM. En quoi celles-ci ont-elles ouvert la voie à ta passion des mots croisés?

LLB — Comme je l’ai mentionné, c’est au Conservatoire Lasalle que s’est produit le grand déclic. Tout au plus, mes études universitaires ont raffermi une passion que Mme Courchesne m’avait permis de découvrir. C'est surtout mon expérience en tant que réviseur-correcteur au journal judiciaire Allô Police qui a lancé ma profession de verbicruciste. J’y étais amené à corriger des grilles de mots croisés, et j'ai appris comment on s’y prenait. Le soir, à la maison, je concevais pour le plaisir des grilles de mots croisés. Peu à peu je gagnais de la confiance et une certaine maîtrise. Un jour, j’ai soumis mes grilles à l’éditeur du journal. La suite, vous la connaissez.

PMN — Y a t-il des écrivains (célèbres ou pas) qui étaient verbicrucistes?

LLB — L’écrivain français Michel Laclos (1926-2013) était un éminent verbicruciste. Je connais peu son oeuvre littéraire, mais je sais qu’il gagnait sa vie en exerçant ce métier. Toutefois, le plus renommé verbicruciste de la langue française est sans contredit Georges Perec (1936-1982), fondateur de l’OuLiPo, qui devint célèbre en remportant, en 1965, le prix Renaudot pour son premier roman Les Choses. Il publia ensuite La Disparition et La Vie mode d’emploi, qui sont des classiques à part entière. Georges Perec est l'un de mes écrivains favoris.  

PMN — Votre attrait pour Perec est-il antérieur à la découverte de votre vocation de verbicruciste?

LLB —  Oui. Il n’y a pas de hasard, semble-t-il (sourire).
   
PMN — Le métier de verbicruciste est insolite et méconnu. Dès l'abord, on imagine un individu solitaire, introverti, un peu cloîtré, vivant seul dans un petit appartement entouré de livres et de dictionnaires… et muni d’une bonne vieille cafetière. Est-ce vrai?

LLB — Il est vrai que j’habite seul (dans une maison plutôt qu’un appartement), que je n’ai pas d’enfants (à ce que je sache; rires). Bien que j’aime la solitude, je ne me considère pas comme un grand introverti, encore moins un homme cloîtré. En puis je n'ai pas de cafetière, préférant boire mon café à l’extérieur de la maison. 

PMN — Nous retrouvons vos grilles hebdomadaires dans l’Échos Vedettes, La Semaine, le TV Hebdo et le 7 Jours. Servez-vous d’autres publications?

LLB — Je conçois également des grilles de mots cachés dans le mensuel Sélection du Reader’s Digest. Cependant, c’est mon éditeur, Les Éditions Bravo!, qui se charge de publier mes livres de jeux (nous en parlons un peu plus bas, NDR).

PMN — Seriez-vous un bourreau de travail?

LLB — Très honnêtement, je n’ai pas l’impression que concevoir des jeux est un travail pour moi. Bien que j’y consacre des dizaines d’heures par semaine, je m’y amuse plus qu’autre chose. 

PMN — Comme vous l’avez mentionné, les Éditions Bravo! publient vos livres de jeux. Depuis 2013, vous avez publié plus de 50 livres pour le compte de cet éditeur, soit plus de sept par année. S’agit-il uniquement de livres de mots croisés?

LLB — Étrangement, je n’ai pas (encore) publié de mots croisés aux Éditions Bravo!, plutôt des mots-abeille, des citations secrètes, des sudokus, des mots fléchés, des mots entrecroisés et des livres de quiz.  

PMN — Des livres de quiz, cela nous intrigue. De quoi s’agit-il exactement?

LLB — Ce sont des livres comportant 500 questions et réponses axées sur un sujet en particulier. À ce jour, j’ai publié Quiz personnalités québécoises, Ultra Quiz vrai ou faux, Quiz Québec, Quiz Hockey et plus récemment Quiz Sports.     

  PMN — Ces livres doivent exiger énormément de recherches. Comment vous en tirez-vous, et quel est le livre de quiz dont vous êtes le plus fier et pourquoi?

LLB — Oui, les recherches comptent pour une grande partie du travail. Je recours à mes connaissances générales, mais aussi aux livres, dictionnaires et autres ouvrages de référence papier et Web. Chaque livre de quiz me fait vivre une expérience unique. Par exemple, durant la rédaction de Quiz Québec (2016, réédité et augmenté en 2019), les questions et réponses me venaient naturellement. Avec Quiz Hockey, j’ai pu replonger dans ma vieille passion du hockey; à ma grande surprise, ce livre a été préfacé par nul autre que le grand hockeyeur Mike Bossy. Mon plus récent livre de quiz, Quiz Sports, a été un véritable marathon pour moi, en ce que je me suis permis d’écrire des réponses plus exhaustives que pour mes livres de quiz précédents, mon but étant d’en faire un ouvrage de référence sur le sport, principe que mes autres livres adoptent à leur manière.

    
PMN — Mots croisés, mots-abeille, citations secrètes, sudoku, mots fléchés, vous faites dans des genres si variés, on peut dire qu'il y en a pour tous les goûts. S’il n’y avait qu’un type de jeu à concevoir jusqu’à la fin de vos jours, quel serait-il? 

LLB — L’une des joies de ce métier est qu'il n'y a pas un jour qui se ressemble. Je ne sais pas si je m’y plairais autant s’il n’y avait qu’un seule type de jeu à concevoir. Là-dessus, je corrobore les mots de Molière, qui fit dire à un de ses personnages : « Tout le plaisir de l’amour est dans le changement. »    

PMN — Louis-Luc Beaudoin, merci d’avoir répondu à nos questions! Et bons jeux!

LLB — Merci à vous, ce fut un plaisir! 

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