lundi 23 janvier 2017

Nelly (le film), de Anne Emond

Hier, une amie et moi étions au cinéma Beaubien pour voir Nelly, le dernier film d’Anne Émond. Parce qu'il m'est permis, ici et ailleurs, d'être absolument honnête, je dirai que durant la première moitié du film, me vint à quelques reprises l'envie de quitter la salle. Parce que l'on connaît la destinée tragique de la romancière, il est normal qu'on s'attende à voir un film dense, grave, sombre. Or, mon attention était au comble lorsque je réalisais combien, d'un plan-caméra à l'autre, la magie tardait à venir. Ponctués de silences vides, de zoom in sirupeux et d'autres effets qui tergiversent entre le trop et le pas assez, les trente ou quarante premières minutes s'écoulent sans le moindre cantabile. Qui appuie trop fort ralentit la machine. Ainsi, ce que l'on eut dû reconnaitre comme un effet dramatique se traduisait en effusions larmoyantes, si bien que j'avais parfois  l'impression de regarder un téléfilm. Entretemps, les dialogues soporifiques empiraient passablement les choses. Je le dis sincèrement, la première mi-temps fut pénible pour moi.

Heureusement, la deuxième se veut nettement plus solide. C'est là que les dialogues et la direction d’acteur trouvent une certaine assise. L’équipe de tournage réchauffée, l’équilibre rythmique plus stable, la seconde moitié du film parvient enfin à montrer ce que l'on attendait, soit le désespoir et la détresse de Nelly Arcan. Nelly doit presque tout au travail de Mylène Mackay, qui incarne l'écrivaine avec sensibilité. À quelques reprises, la réalisatrice Anne Emond recourt au flashback pour évoquer l’enfance de l'écrivaine, où le rôle de Nelly enfant est interprété avec brio par Mylia Corbeil-Gauvreau. 

En outre, l’intégralité des scènes dans les bars, où la fumée, l’alcool et le sexe sont étalés de façon trop consistante pour traduire le désespoir qui les a inspirées, sont de mauvais goût. Elles auraient sûrement révulsé la romancière. Idem pour la rencontre du quatuor de prostituées, rencontre trop ringarde pour qu'on y croie. 


Après le film, mon amie et moi étions dans un bar à siroter un verre. Je ne pensais pas revenir au film, lorsque, entre deux gorgées, nous discourions d'une scène réussie entre toutes, celle où Nelly enfant se fait tirer au tarot.

Pour conclure, la meilleure façon de connaître la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, c'est de lire ses livres. 

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