J’écris, j'efface, je réécris, c'est comme ça depuis quelques jours. Les mots viennent
au compte-goutte, alors qu'il y a tant de choses à dire. Je ne sais pas par où commencer, quel angle choisir. Aujourd'hui est un jour étrange.
Ma meilleure amie Lucie Renaud est décédée hier, à midi 20. Elle était atteinte d'une forme très agressive de tumeur au cerveau. Aux gens de mon entourage, je lançais sans vergogne : « C'est Lucie qui a fait de moi un homme. » Il n'est pas un hasard que je sois devenu rédacteur et traducteur. Pour y arriver, j'avais besoin du soutien d’une personne. Lucie fut cette personne. Ses dons d’ubiquité lui permettaient d'incarner la collègue, la pédagogue, la soeur d’âme et l'amie. Et tandis qu'elle me fournissait mes premiers contrats de traduction, me soufflant régulièrement « j’en ai trop », je reconnaissais, à voix haute, qu'elle me sauvait littéralement la vie (je sentais enfin un souffle de liberté, je devenais quelqu'un, je n'avais plus peur d'être heureux). Lucie m'a aussi montré ce que c'est que l'amitié.
Nous nous connaissions depuis 2001. Nous nous sommes rencontrés à un concert du pianiste Alfred Brendel. Au reste vous la connaissez peut-être: elle était critique pour la Revue de théâtre JEU, rédactrice pour l’OSM (notes de programme) et Analekta (livrets de CD), et traductrice. La cerise sur le sundae : elle était musicienne, enseignait le piano.
Il y a quelques mois, je lui confiais : « Après ma mère
et ma grande soeur, tu es la personne qui m'a le plus aimé. » Elle a corroboré en douceur, reconnaissante que mes propos visent juste.
Lucie n'en pouvait plus de ne pas pouvoir s'exprimer; ces dernières semaines, elle n'arrivait plus à parler. Ce devait être intenable pour elle qui adorait les phrases, les livres. Elle avait toujours, toujours le mot juste.
Lucie n'en pouvait plus de ne pas pouvoir s'exprimer; ces dernières semaines, elle n'arrivait plus à parler. Ce devait être intenable pour elle qui adorait les phrases, les livres. Elle avait toujours, toujours le mot juste.
Attablé à un Tim Horton de Sorel-Tracy, j'ai roulé la nuit entière, allant d'égarements en maraudages. Je ne pourrai pas écrire plus longtemps, il me faut reprendre la route. Je serai accompagné de Mozart (j'ai l'intégrale des
Sonates pour piano dans l'auto). Lucie adorait Mozart... c’est qu’elle le comprenait parfaitement. Comme elle comprenait tout.
3 commentaires:
Quel triste départ mais dame Lucie sera toujours là en votre coeur et dans nos pensées. Merci de vos mots Claude.
Merci pour vos mots, Suzanne.
Combien j’ai aimé ses articles dans La Muse Affiliée. Heureusement les écrits restent. J’aurais bien aimé connaître cette dame.
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