
Hélas, cette belle aventure prenait fin plus tôt que prévu. Éric, mon patron, avait reconnu mon leadership, mon charisme rassembleur. C'est pourquoi il tenait absolument à ce que je gravisse les échelons de la compagnie. Comment lui dire que c'est exactement ce type de poste, le poste de cadre, de gestionnaire, qui me révulse au plus haut point. Comment expliquer à celui qui m'avait embauché que je ne voulais plus faire partie d'une équipe de gestion. Incapable d'exprimer la répugnance que m'inspirait sa proposition, je feignais de m'y intéresser. Hélas, assez vite, mon corps commençait à m'envoyer des signes, lui qui éprouvait de plus en plus de difficultés à s'extraire du lit le matin. En quelques semaines, j'accumulais quantité de retards. Puis un matin en semaine c'en était trop. Je n'en pouvais plus, le patron non plus, lui qui m'affectionnait sincèrement et qui n'aurait jamais osé me congédier — ce qui avait pour effet de décupler passablement mon sentiment de culpabilité. Après onze mois de travail, qui me paraissaient comme des années tant l'expérience au sein de cette belle équipe représentait un jalon pour moi, je quittais contre gré HMV. D'une part libéré, d'une autre plombé par l'impression douloureuse d'avoir laissé tomber mes collègues.
Une chose est certaine, HMV m'a donné des ailes, ou plutôt m'a donné celles qu'on m'avait enlevées. Je n'ai jamais regretté d'avoir quitté, bien que j'ai longtemps déploré les circonstances de mon départ.
J'ai été disquaire au moment où la profession connaissait son apogée. C'était l'époque où YouTube, Deezer et Wikipédia n'étaient encore qu'au stade d'imagination. Chaque jour ou presque, il fallait deviner la mélodie fredonnée par un client qui chantait faux, ou honorer la demande d'une quarantenaire blonde platine à la recherche d'une chanson dont le refrain commençait par love. Nous avons beaucoup ri, je l'affirme sans nostalgie, ou presque.
Une chose est certaine, HMV m'a donné des ailes, ou plutôt m'a donné celles qu'on m'avait enlevées. Je n'ai jamais regretté d'avoir quitté, bien que j'ai longtemps déploré les circonstances de mon départ.
J'ai été disquaire au moment où la profession connaissait son apogée. C'était l'époque où YouTube, Deezer et Wikipédia n'étaient encore qu'au stade d'imagination. Chaque jour ou presque, il fallait deviner la mélodie fredonnée par un client qui chantait faux, ou honorer la demande d'une quarantenaire blonde platine à la recherche d'une chanson dont le refrain commençait par love. Nous avons beaucoup ri, je l'affirme sans nostalgie, ou presque.
Aujourd'hui, HMV tire sa révérence, et moi je lui dis Merci que nous chemins se soient croisés !
Cliquez pour lire l'article du Soleil sur la fermeture de HMV.
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