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Je pose ici en compagnie du poète Arol Pinder |
Je n’ai pas l’habitude d’écrire à propos d'un spectacle auquel j’ai participé. Parce qu'en musicien sur scène, il nous est impossible de saisir ce que le public a éprouvé. On ne sait jamais ce que l’on donne. Néanmoins, je puis dire, avec humilité et transparence, qu'Arol Pinder (Lettre à Adélia, Parole d'outre-terre) sur scène s'est montré aussi impitoyable envers l’art qu'envers lui-même. En un peu moins de deux heures, il a déclamé, tout vêtu de noir, des textes d’amour et de réconciliation, tous emplis d'une miséricorde poétique si particulière à ce peuple dont la sensibilité restera toujours un mystère pour nous, nord-américains. Accompagné de ses musiciens (Sarah-Judith Kariyi au violon, Jean-Marie Célestin aux percussions, et moi-même au piano) et par les voix de Mirma Saint-Julien et Rose Lourdes, Pinder a plongé comme on plonge dans un précipice sans issue, c'est-à-dire avec l'espoir courageux de trouver celle qu’on ne soupçonnait plus. La liberté. Entrecoupé de textes et de musiques aux accents ritualistes, voire exotiques, il a eu recours, pour deux numéros précis, au talent de l’acteur Philippe Régnoux, lequel a démontré que les plus belles histoires sont celles qui savent le mieux parler de résilience et de pardon. De pardon à soi-même.
Rien ne tremble jamais pour rien
En mémoire de vous a donné à voir et à entendre (lecteur, ce ne sont que mes impressions recueillies humblement depuis le piano où je prenais place, capturant, avec une immense gratitude, l’essence de cet évènement d'amour) des textes qui résonnent encore en moi au moment de taper ces mots : Heureux les mots vivant debout dans nos mémoires! Demain, à ceux qui après nous viendront, dites qu'il en sera ainsi pour eux un jour comme pour nous aujourd'hui. Béni, je rassemblais après le concert les propos de celles et ceux qui ont assisté au spectacle. C’est leur enthousiasme, et lui seul, qui me donne de quoi écrire ces lignes. C'est lui seul qui réitère ceci que l’art libère, que l’expression vraie est le contraire absolu de la trahison.
Arol Pinder est un poète d’une eau bien trop pure pour la plupart des fleuves. Pas le nôtre, à ce qu’il paraît. Béats, réjouissons-nous en!
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